Missionnaires de la miséricorde: les disparités romandes

1’000 missionnaires ont été envoyés par le pape François pour être, jusqu’à la fin du Jubilé, des « hérauts de la miséricorde ». Parmi eux, quatre religieux romands ont reçu la capacité d’absoudre certains péchés réservés au Saint-Siège. Qui sont-ils et quelle sera leur mission?

En Suisse romande, seul le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF) a fait le choix d’envoyer des prêtres à Rome, le 10 février dernier, pour recevoir le mandat de « missionnaires de la miséricorde ». Quatre cordeliers, Hans Kaufmann, Vincent Cosatti, Silvestru Tifan et Pascal Marquard, ont été désignés pour exercer ce ministère particulier. « Ils ont été choisi pour leur réputation de confesseurs et afin de permettre une alternative à ceux que l’on rencontre habituellement », explique Laure-Christine Grandjean, responsable diocésaine de la communication.

Violence contre le pape et autres péchés réservés

Ces prêtres pourront remettre « exclusivement » quatre des six péchés réservés au Siège apostolique: la profanation des espèces consacrées, la violence physique contre la personne du pape, l’absolution du complice dans le péché contre le sixième commandement du Décalogue – en d’autres termes, la sentence qui pèse sur un prêtre lorsqu’il absout une personne avec laquelle il a commis un péché de chair – et la violation du secret de la confession.

Les deux autres péchés réservés, la consécration épiscopale sans mandat pontifical et l’ordination d’une femme, restent, eux, réservés au Saint-Siège. Quant au péché d’avortement, qui entraîne également l’excommunication, le pape a choisi d’étendre la capacité d’absolution à tous les prêtres.

Des confesseurs à deux vitesses?

Du côté du Jura pastoral et du diocèse de Bâle, il n’y aura pas de missionnaires de la miséricorde. « Le dossier n’était pas clair, explique le vicaire épiscopal Jean-Jacques Theurillat. Et ce ministère particulier, pour pardonner des péchés réservés à Rome, n’est pas tout à fait en phase avec les préoccupations pastorales du diocèse ».

Dans le diocèse de Sion, Mgr Jean-Marie Lovey, d’entente avec son vicaire général Pierre-Yves Maillard, a choisi de relayer l’invitation du pape François à « communiquer largement la miséricorde » d’une manière spécifique.

« Tous les prêtres, par leur ordination sacerdotale, ont le pouvoir de conférer le sacrement du pardon aux fidèles, explique Pierre-Yves Maillard. Nous tenons absolument à relayer l’invitation du pape, mais nous ne souhaitons ni donner l’impression qu’il y aurait des ‘confesseurs à deux vitesses’, ni suggérer une quelconque limitation du pardon de Dieu par restriction à certains ministres, tant l’orientation générale de l’Année Sainte nous semble précisément aller dans le sens contraire ».

Pas de « super-prêtres »

En bref, pas de « super-prêtres », dans le diocèse de Sion, pour dispenser le sacrement du pardon, mais, selon le vicaire général, « une invitation renouvelée à tous les prêtres pour qu’ils se montrent particulièrement attentifs à cette dimension de leur ministère ».

Et puisque les pasteurs « rencontrent relativement rarement des fidèles qui se repentent de violences physiques à l’encontre du Saint-Père », explique Pierre-Yves Maillard, le diocèse, ainsi que l’Abbaye de Saint-Maurice, ont fait le choix de solliciter des prêtres à la retraite pour soutenir les paroisses dans leurs différentes démarches pénitentielles, tout au long du Jubilé.

« Ils ont été contactés personnellement par Mgr Lovey, précise-t-il. Leur riche expérience pastorale, fera d’eux les ‘missionnaires de la miséricorde’ du diocèse de Sion, pour prêter main forte à leurs confrères, dans le partage du pardon de Dieu ». (cath.ch-apic/pp)